Bulletin N°62 de Février 2010
Éditorial
Reconstruire Haïti, c'est s'engager à long terme

Dans l’effondrement des bâtiments, des milliers de gens avaient perdu la vie et l’urgence d’agir envers les survivants nous interpellait immédiatement dans tout le Québec, qui compte environ 130 000 personnes d’origine haïtienne.
La compassion de tous et la solidarité se sont manifestées de diverses manières dans les heures qui suivirent le séisme, et la communauté internationale s’est très rapidement mobilisée avec l’aide d’ingénieurs pour mettre en sécurité les bâtiments publics, protéger la population des édifices menaçant de s’écrouler et commencer le déblaiement des tonnes de gravats.
Nombre d’infrastructures — même si elles avaient respecté les normes de base, ce qui n’était évidemment pas le cas — n’auraient pas résisté à la force des deux secousses, d’une magnitude de 7 et de 6,1 sur l’échelle de Richter, qui se produisirent les 12 et 20 janvier dernier ni à la centaine de répliques qui les accompagnèrent, ce qui nous rappelle la fragilité des choses en notre bas monde.
Les trois quarts des constructions de Port-au-Prince ont été détruits et de grandes villes proches de l’épicentre du séisme ont été endommagées à près de 50 %, comme à Jacmel, à Gressier ou à Carrefour, voire à 90 % à Léogane.
Une fois la population secourue dans ses premiers besoins essentiels, nous devrons passer à la phase de reconstruction pour laquelle des ingénieurs québécois ont déjà retroussé leurs manches pour aider les Haïtiens à rebâtir eux-mêmes leur pays.
Dans les jours qui ont suivi la catastrophe, l’Ordre des ingénieurs du Québec a encouragé ses membres à se mettre en rapport avec Ingénieurs sans frontières Québec pour participer bénévolement à des projets d’ingénierie à long terme.
Nous sommes en mesure d’offrir un encadrement qui sera d’un grand secours aux ingénieurs et aux techniciens haïtiens, trop peu nombreux. La moitié du génie canadien à l’international est composée d’ingénieurs du Québec, qui sont très recherchés pour leur expertise, tant en solutions techniques qu’en gestion de projet, et pour leurs qualités humaines, en particulier leur engagement social.
À Haïti, où le français est une des langues officielles, il a toujours été facile à nos membres de communiquer avec leurs collègues locaux et ainsi de partager une même vision qui permette de donner à l’ingénierie haïtienne les moyens de créer, sur place et durablement, ses propres structures et ses propres emplois.
Lorsque les médias auront délaissé les actions d’urgence — pour lesquelles des ingénieurs ont été déployés —, c’est un investissement personnel et à long terme qui doit nous mobiliser.
Des ingénieurs prenant un congé sabbatique, mais également des étudiants en génie qui devront effectuer des stages dans leur programme d’études seront bien inspirés d’oeuvrer à la reconstruction de l’habitat, des bâtiments publics, des immeubles commerciaux et des infrastructures de Port-au-Prince et des localités environnantes.
Ils apporteront ainsi la preuve, une fois de plus, que l’engagement social, qui est une des valeurs essentielles prônées par l’Ordre des ingénieurs du Québec, n’est pas une vaine expression. La solidarité avec les plus démunis fait aussi partie du sens de l’éthique qui oriente nos actions selon notre conscience professionnelle et elle trouve ici sa place.
Entre les ingénieurs et étudiants en génie du Québec et les habitants d’Haïti, un engagement de plusieurs mois, voire plusieurs années, se joue au-delà de la générosité du moment pour garantir leur pérennité.
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